Traduire et interpréter le migrant : TIMS et expérience exilique

Traduire et interpréter le migrant : TIMS et expérience exilique

Yuste Frías, José (2015) «Traduire et interpréter le migrant : TIMS et expérience exilique», dans Navarro, Élisabeth et Jean-Michel Benayoun, [éds.] Interprétation et médiation. Volume 2. Migrations, représentations et enjeux socioréférentiels, Paris: Michel Houdiard, ISBN: 978-2-35692-130-7, pp. 90-101.

Traduire et interpréter l’autre, c’est comprendre la culture de l’autre à travers ses différentes manifestations qu’elles soient linguistiques (les langues), paralinguistiques (les gestes) ou matérielles (les objets, les vêtements). Traduire et interpréter l’altérité signifie s’initier à ce qui est autre, apprivoiser les différentes appartenances de chaque identité, développer des habiletés et des compétences pour comprendre l’autre et rendre plus facile la relation avec lui en repoussant les frontières des préjugés fondés par des représentations stéréotypées qui préconisent une attitude contraire à toute éthique du traduire.

Facilitant la possibilité de la rencontre avec l’autre, étant le lieu même de l’altérité par excellence car elle rend possible le dialogue entre les langues et les cultures, la Traduction et l’Interprétation en Milieu Social (dorénavant TIMS) place la traduction et l’interprétation dans leur dimension anthropologique. Face à la réalité fracturée des expériences linguistiques et culturelles vécues dans nos sociétés globalisées par les personnes migrantes ne parlant pas la langue du pays d’accueil, la place de la TIMS dans chaque société est à l’image de la place faite à l’exilé, à sa culture et à leur accueil.

L’interprète-médiateur doit déjouer la confusion entre l’interculturel, le multiculturel et le transculturel. Si l’époque nous construit, à des parts diverses, comme des migrants, c’est elle qui par l’intermédiaire des institutions, doit mettre en place l’ensemble des éléments qui vont permettre la communicaction.

Il n’est donc pas étonnant que la réflexion de cette publication se situe en parallèle des phénomènes de la mondialisation et en regard du développement des nouveaux outils de communication. Et le sens du concept d’expérience exilique se comprend de lui-même. Il réunit en une unité terminologique unique ce que vivent les migrants sous quelque désignation que les sociétés d’accueil les incluent, pour éviter de se soumettre à la pluralité des réalités migratoires. Ce concept traduit la complexité des expériences collectives de ceux qui, à un moment ou un autre de leur parcours individuel, se sont retrouvés en situation de migration. Par-delà cette expérience, c’est la notion d’identité culturelle qui est interrogée, celle qui prend sa place aux confins de l’interculturel et du multiculturalisme, celle qui se construit de manière dynamique dans un processus de métissage sans fin ni frontières. Vu par José Yuste Frías, l’événement d’interprétation transcende le passage des mots d’une langue à ceux d’une autre pour mener, au cœur de la traduction, vers ce qui ne se voit pas ou ne s’entend pas. L’événement d’interprétation se redéfinit sans cesse à mesure que la médiation s’insatlle dans sa fonction prépondérante. C’est par ce deuxième terme, celui de médiation, que l’on interroge les multiples concepts d’identité ; ceux qui redéfinissent interculturalité et multiculturalisme ; ceux qui investissent les culturèmes profonds susceptibles d’amener à comprendre les liens entre identité-racine et identité-relation en posant les bases épistémologiques des divers modes de représentations, et donc de médiations.

(Extraits des pages 13 et 14 du texte intitulé Formes de médiation et modes de représentation rédigé par Jean-Michel Benayoun et Élisabeth Navarro pour présenter le livre)

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